[OS] Lost in Love

Can you love me again like you loved me before?

KiBum rentre précipitamment dans le petit appartement des sept garçons, claque la porte qu'il partage avec Alexander, et le bruit ne manque pas d'inquiéter ce dernier qui se dirige vers la pièce et tente de pénétrer à l'intérieur. [b]Fermée à clef. Evidement, KiBum n'est pas si bête.
Alors le plus vieux toque timidement mais n'obtient aucune réponse. Deuxième échec. Il a mal. Il aimerait ne pas avoir à persécuter son amant pour savoir ce qui le ronge. Mais le leader par défaut ne changera jamais, il le sait.
Et Xander se souvient que le matin même, il paraissait stressé à cause d'un rendez-vous dont il ne voulait pas révéler la nature. Ses mains deviennent moites, il colle sa tête contre la porte qui, à cet instant, devient un obstacle insurmontable entre ces deux âmes qui ont chacune besoin de l'autre.

- KiBum, je t'en pries..

Et de l'autre côté, le dit KiBum ravale un énième sanglot. Il ne veut pas blesser son collègue et amant, mais il n'a pas le choix et malgré tout, il préfère lui dire la vérité. Il ne veut pas qu'un autre que lui lui annonce ce qui causera peut-être leur perte.
Alors il se lève machinalement, et déverrouille la barrière. Inconscient. Il n'a absolument aucune idée de ce qui se passera quand Alexander aura franchi le seuil de leur chambre. Il n'a pas le temps de regagner le lit que le plus vieux est déjà en face de lui.
Ce dernier le dévisage, a mal de voir les yeux de son amant aussi rougis. Se rend-t-il compte que malgré ses efforts visibles, les larmes ravagent toujours ses traits? A cet instant, le portugais préfèrerait mourir plutôt que d'affronter cette détresse qui se dessine sur le visage de son vis-à-vis. Il s'en veut de penser ainsi à lui, alors que c'est une évidence : c'est un appel au secours que lui lance KiBum.

- Qu'est-ce qui s'est passé?

Et les traits du cadet, qui avait réussi à se calmer, se déforment de nouveau. Il ne faut que quelques secondes aux larmes pour reprendre l'entière possession de son visage. Comme depuis le début de la journée. Alexander lui, essaie de camoufler le son de son cœur qui se brise. Il ne veut pas infliger ça de plus à son petit-ami. Alors il ne se démonte pas, serre KiBum dans ses bras, peut-être un peu trop violemment. Ce n'est pas sa faute, il se sent toujours le besoin d'être sur-protecteur avec lui, et la situation n'arrange rien. Il se dit que finalement, il ne préfère pas connaître la raison de ces pleurs. Pas maintenant. Parce qu'il se pense capable de tuer ceux qui ont eu le malheur de mettre son amant dans un état si pitoyable. Alors il se contente de serrer encore plus fort KiBum contre lui, faisait tout de même attention à ne pas le briser.
Et quand le corps du coréen n'est plus pris de tremblements, Alexander relâche peu à peu son étreinte, tente de ne pas brusquer son partenaire. Ce dernier a toujours été fragile, mais à cet instant, c'est bien pire que ça. Comme s'il ne tenait même plus sur ses jambes. Il soupire, signe de son impuissance face aux évènements.
Alors Xander est saisi par des transports qu'il ne contrôle pas. Tout comme la situation. C'est tellement inhabituel pour lui, de ne pas avoir les choses en main. Il oublie ses principes, et toutes les précautions prises jusqu'à présent. Saisi le menton de KiBum sans aucune douceur. Et l'embrasse, comme si c'était la dernière fois. Jusqu'à ne plus avoir de souffle. Il ne sait pas si KiBum se laisse faire par lassitude ou simplement parce qu'il en a envie. Mais il n'a pas le temps de réfléchir à la réponse que ses doigts s'accrochent fermement à son t-shirt, comme à un dernier espoir, s'aventurent dessous pour venir caresser les courbes si bien dessinées de son amant.
Le plus vieux se sent revivre, comme si le reste de la journée n'était plus qu'un vague souvenir. Ses mains se collent au torse bouillonnant de KiBum, afin de le faire reculer progressivement. Et ses jambes finissent par rencontrer le bord du lit, et son t-shirt le carrelage froid du sol de la chambre. Mais lorsqu'Alexander s'attaque à son pantalon, une grimace d'horreur déforme son visage, et les soubresauts le reprennent, sans qu'il n'ai le temps de s'y préparer.
Alors les mains de la maman se mettent à trembler. Il a peur. Parce que depuis plusieurs heures, KiBum lui échappe et qu'il ne sait pas comment le retenir. Tout le dépasse. Il ne sait pas ce qui a lieu, mais il comprend déjà que c'est au-dessus de ses forces. Et le fait que le brun enfouisse sa tête dans les coussins en pleurant de plus belle ne fait que le confirmer. Il voudrait simplement poser sa main sur son épaule, et lui montrer qu'à défaut de pouvoir faire autre chose, il est là. Mais il ne veut pas briser KiBum une fois de plus, et doute de l'utilité de son geste autant que de la réaction de son amant.
Alors il se contente de soupirer longuement, tout en prenant sa tête entre ses mains. Se dit qu'il va devenir fou, si son vis-à-vis s'entête à s'enfoncer dans son mutisme.

- Je fais n'importe quoi. Pardon...

Comme un murmure. Mais Alexander sait qu'il n'a pas rêvé ces quelques mots. Et qu'ils sonnent la fin du supplice. Du moins, c'est ce qu'il pense.
Et entre deux sanglots, KiBum tente difficilement d'articuler une phrase. Son amant ne saisi pas, mais voit qu'il s'y déchire l'âme. « Can you love me again like you loved me before? ». Et puis après d'interminables secondes à s'être repasser la voix du cadet, il comprend. Il reconnaît l'air de End of the Road. Se dit que cette phrase est loin d'être anodine. Et qu'elle ne laisse rien présager de bon.

- Je t'en pries, dis-moi ce qui se passe.

Et c'est une supplication. Il n'a même plus envie de faire l'effort de contrôler les ratés de sa voix tremblante.

- Alexander, il faut que je te dise... J'avais rendez-vous à la compagnie, je... Je fais plus partie du groupe désormais. J'ai été viré.

Une bombe en plein cœur, ni plus ni moins. Malgré les pires scénarios qu'a imaginé le dit Alexander, celui-ci n'en faisait pas partie. Il n'a même plus la force de croire à une blague. Pourquoi tant de larmes si c'était le cas?
Mais continuer tout ça sans KiBum relève de l'impossible pour lui. Non, la pression est trop intense. Il n'aura pas le courage d'affronter toutes les réalités sans son meilleur soutien. Il baissera les bras au moindre obstacle. Alors ses yeux deviennent soudainement humides des larmes qu'il refoule depuis le début de l'entrevue. Mais il tente encore de le cacher. De rester un minimum digne pour ne pas accabler son homme, qui a déjà bien trop souffert depuis qu'il s'est levé.

- Mais KiBum, moi je reste. Il s'en sortiront pas comme ça. Tant que je serais là, ils regretteront d'avoir fait ça, je te le promets.
- Non mais... Tu ne comprends pas. Le prochain, c'est toi.

C'est comme si on s'obstinait désormais à piétiner les morceaux de son cœur déjà brisé gisant à terre.
Et le cri que Xander tente de camoufler depuis tout à l'heure lui échappe. C'est trop pour lui. Il ne veut même pas en savoir plus. Il en assez eu assez pour aujourd'hui, part en courant de cet espace clos, signe de l'oppression de leurs âmes.
Mais KiBum s'en doutait. Il sait qu'il reviendra, quand il aura rassemblé tous les éléments lui prouvant que ce n'est même pas un cauchemar.

This time I want you to love me much more.

Alexander sort enfin de la salle de bains. Aucune lumière dans le hall. Evidemment, il se fait tard. Les cinq autres dorment paisiblement. Qu'ils en profitent, demain, KiBum et lui leur diront tout. Pour l'instant, ils ont besoin d'un peu de répit. Il lève difficilement les yeux vers l'horloge accrochée au mur. Remarque qu'elle n'est pas du tout centrée, contrairement à ce que DongHo avait dit à SooHyun qui avait passé des heures à l'installer. Il comprend alors que c'était simplement un moyen d'avoir la paix pour le magnae.
Il est juste une heure, tic toc, des larmes. Beaucoup de larmes. Au moins, il aura appris que les glandes lacrymales sont bien plus opérationnelles que ce qu'il pensait. Mais il trouve le moyen de sourire en repensant à ces trois ans passés avec ses collègues, mais avant tout amis.

- Vous allez me manquer, bande de crétins.

Et il se dirige d'un pas lent vers sa chambre, où il est sûr que KiBum fait semblant de dormir pour ne pas l'inquiéter. Il sent, il sait, qu'il va passer la nuit la plus longue et éprouvante de sa vie. S'il n'écoutait que sa raison, il sortirait d'ici en courant, et déciderait probablement de ne jamais revenir. Mais non, son amant a besoin de lui. Et la réciproque est bien plus vraie que ce que pense le portugais.
Il ouvre la porte, son organe vital au bord du vide. Parce qu'ils vont passer la nuit à réfléchir à leur avenir. A ce qu'ils vont bien pouvoir faire désormais. A la surprise d'Alexander, son partenaire de chambre ne feint pas de dormir. Il est simplement assis sur le lit, les yeux dans le vide, et sursaute au bruit de son petit ami pénétrant dans la pièce silencieuse.
Et ils s'affrontent du regard pendant d'insoutenables secondes. Chacun lit dans l'autre sans la moindre difficultés. Ils voient tous les deux la même chose. Des yeux rougis, des joues humides. Et entendront bientôt la même voix brisée.

- Désolé. C'est égoïste. Mais je tenais à ce que ce soit moi qui te le dise.

Le plus vieux esquisse un sourire. C'était simplement les mots qu'il avait besoin d'entendre. Il n'avait besoin que de ça. Finalement, il avait toujours su que KiBum, sous ses airs de garçon froid, était l'homme le plus attentionné au monde.

- Ne t'excuses pas. Tu sais.. Je crois que j'aurais pas aimé que ce soit un autre. J'aurais pas supporté. Et ça m'a permis de ne tuer personne au moins, lance-t-il, accompagnant la réplique du rire forcé le plus pathétique de sa vie.

Tant pis. Il sait qu'avec KiBum, il n'a pas besoin de faire semblant. Ca a toujours été le cas, et encore plus depuis que leur relation est devenue plus qu'amicale. Plus que vitale. Peu importe l'issue de cette nuit. Ils continueront ensemble, ils en ont la certitude au fond.

- Qu'est-ce qu'ils ont invoqué, comme raison?

Il n'est pas sûr d'avoir envie de connaître la vérité, mais est persuadé que cela soulagera son cadet. Et puis le jour promet de mettre du temps avant de se lever, alors autant en profiter pour mettre les choses au point. De toute façon, tôt ou tard, il aurait fini par l'apprendre.

- Ils prétendent des faiblesses vocales mais Xander je..
- Et comment on arrive à prouver nos qualités, avec deux lignes par chanson?

Il se rend compte qu'il a parlé trop fort, plaque sa main contre sa bouche. Trop tard. Il s'en veut, prie pour ne pas avoir réveillé les autres. Et KiBum prend sa main. L'effet apaisant est immédiat.

- Ca ne colle pas Alexander, tu comprends? Je crois qu'ils savaient.

Mais son interlocuteur ne comprend pas, fronce les sourcils. Sûrement trop fatigué pour encore chercher un sens au tournant que prend sa vie. Il n'entend pas que la respiration de KiBum s'accélère de nouveau, et qu'il est sur le point de re-craquer. Continue de l'interroger du regard.

- Pour nous deux, je veux dire.

Alors tout s'éclaire. Et le monde de Sandeo s'écroule. Evidemment. Ca ne pouvait être que ça. Bien qu'ils n'en aient parlé qu'à très peu de gens. Qu'ils ne se soient jamais montrés en public. Qu'ils aient enduré trop de choses qui ont failli leur faire lâcher prise. On ne peut jamais cacher la vérité éternellement, ils auraient du le savoir. Ca aurait été trop facile.
C'était lui qui était en tord. Si ce soir-là, il n'avait pas embrassé KiBum, ils n'en seraient pas là. Ils n'auraient pas brisé leur rêve et celui de millions de jeunes filles qui croient en eux. Mais même si on pouvait revenir en arrière, certaines choses demeurent inchangées.

- Il n'y a pas moyen de les faire changer d'avis alors?
C'est définitif Xander. Les nouveaux membres ont déjà été choisis.

Mais il connaissait déjà la réponse avant que ces mots ne sortent de la bouche de son amant. C'était évident, personne n'aurait rien dit sinon.
Il se lève sans faire de bruit, et commence à vider frénétiquement le petit placard de la chambre, s'active à trouver quelque chose, probablement un sac. Et KiBum le regarde faire, sceptique, et tente de comprendre.

- On peut pas rester Bummie. Tu es d'accord non? Aides-moi à débarrasser la chambre.

Et il s'exécute, bien que l'envie n'y soit pas. Mais ce n'est pas comme s'ils avaient le choix de toute façon. Ensemble, ils vident le petit espace qu'ils s'étaient créé trois ans plus tôt. Remplissent des sacs, descendent silencieusement au parking pour charger la voiture de KiBum. Il ne faut pas réveiller les autres, ils ne doivent pas savoir avant l'aube.
Les deux anciens membres finissent par se coucher lorsque les seules choses qu'il reste sont des meubles vides.
Ils s'observent longuement, savent que les mots ne sont même plus nécessaires à ce stade. Alexander laisse ses doigts s'aventurer sur les joues de son petit-ami, et ce dernier ferme les yeux, éprouvé par tant de douleur.

- KiBum, je te promets que cette fois, je t'aimerais bien plus encore.

Et il s'endort lui aussi, bercé par le rythme de la respiration de celui qu'il soutiendra désormais quoi qu'il arrive, peu importent les obstacles.
Mais ce qu'ils n'avait pas pris en compte, c'est qu'ils avaient oublié d'emporter aussi les souvenirs que leurs camarades avaient d'eux. Et que la chute serait plus douloureuse que ce qu'ils avaient imaginé.