C'est ici comme ça aurait pu être n'importe où. C'est étrange non? Tu n'as jamais aimé particulièrement cet endroit, tu m'en aurais parlé. Et il ne représente rien de symbolique pour nous.
Angoisse. Je déteste ce lieu qui me paraissait si accueillant il y a quelques secondes. J'ai le pressentiment qu'il va se passer quelque chose. J'ai raison n'est-ce pas?
Je sais que tu trembles. Tes paroles rassurantes n'ont aucun effet sur moi. Tant que j'entendrais ta voix flancher, mes peurs ne s'apaiseront pas.
Ressaisis-toi, je t'en supplie.. Si mon seul pilier s'effondre, je n'aurais plus aucun appui sur lequel me reposer... Ca commence. Pourquoi tout est flou? Je ne distingue même plus ton visage, et pourtant, ce ne sont pas des larmes qui gâchent ma vue.
Un épais et étouffant brouillard. Pourtant, je sens ces perles salées dévaler tes joues et s'écraser au sol dans un fracas épouvantable. Et le bruit empli mes oreilles, mon crâne, mon esprit.
Un avion qui explose. Et c'est le trou noir. Tes lèvres bougent, je crois. Mais je n'entends rien. Plus rien. Aucun de nous ne bouge, et j'ai la douloureuse sensation que tu t'éloignes. Non, non. Pas toi, par pitié.
La terre s'effrite sous mes pieds. Je veux bien tomber dans un fond sans fin, mais ça n'a pas de but si tu n'es pas là pour me rattraper.
Tout est noir. Subitement. Fais quelque chose, deviens la lumière de cette insoutenable obscurité, comme tu le faisais avant. Cela t'allait tellement bien.
Je m'effondre au sol en plaquant mes mains contre mes oreilles. J'appuie. Fort, très fort. Essaies de me stopper, avant que je ne me détruise de mon plein gré. Je ne contrôle plus rien de toute façon.
Et puis comme un souffle d'air frais. Une main se présente à moi. Je la saisie, du moment qu'elle peut m'aider à m'en sortir. C'est la tienne. Tu ne m'as pas encore abandonné alors?
J'ai l'impression de ne jamais t'avoir vu si faible. Pourtant, c'est moi qui sombre dans ce gouffre infini non?
Tu me relèves brutalement. Mon bras va se détacher du reste de mon corps, si tu ne fais pas attention.
Un soupir. Ton souffle contre ma peau. Ma main sert la tienne si fort que mes ongles s'enfoncent dans ta peau, jusqu'à te faire saigner. Il ne fallait pas partir. Retiens-moi. Je ne veux pas te quitter.
Une ronde. Viens danser toi aussi. Si on oublie tout, on pourrait être heureux ensemble non?
Je ris. Non. Mon rire résonne dans mes pensées mais il ne franchit pas la barrière de mes lèvres. Désolé, mais je crois que tu ne pourras plus jamais l'entendre.
Un étau sert ma poitrine.
Oppressant. L'air ne passe plus dans mes poumons. J'ai mal Alexander. Je me brise de l'intérieur. J'inspire, et j'entends mes os craquer.
Dernier souffle.
Tes lèvres contre ma peau, mes bras autour de ta taille. Je crois.. Que mon coeur ne bat plus.
Alors c'est ça, être mort? J'aurais aimé que tu m'embrasses une dernière fois.