[OS] DREAM

DREAM

Des torrents de larmes s'échappent des yeux de KiBum, et c'est la première fois que KiSeop les voit briller de cette lueur-là.
Il est partagé entre la joie de voir celui qui l'a détruit souffrir à son tour et son coeur qui le tiraille tout même. Mais le choix est tout fait. Il ne peut pas s'empêcher d'avoir mal aussi.
Il se rend compte que voir les joues de KiBum trempées est une torture bien pire que celle qu'il avait imaginée.
Il tourne le dos à celui qu'il a trop aimé, prêt à abandonner, à échanger les rôles. Pour une fois.
Et puis KiBum laisse échapper un sanglot qu'il aurait voulu retenir, pour ne pas blesser KiSeop une fois de plus. Alors à ce son, le plus jeune a le coeur qui se brise. Trop facile.
Quoi qu'il fasse, KiBum aura toujours raison de lui, il le sait. Il aura beau tout faire pour l'oublier, c'est la douleur qui le suivra partout où il ira. Peu importe, c'est toujours celui qu'il aimait surnommer Bummie qui gagnera sur sa raison.
Demi-tour. Il ne peut pas. En laissant son hyung seul ici, à pleurer, c'est comme s'il laissait une partie de lui. Et ça ne changerait rien à son mal-être, il l'a compris depuis bien longtemps. A ce stade, ce ne sont pas quelques secondes de plus avec son tortionnaire qui vont empirer son cas. Et quand bien même, quelle importance? Ca n'en a plus pour KiSeop, dès que ça concerne KiBum.
Alors voilà, il reste là, les bras le long du corps, fixant l'homme qu'il aime dans les yeux, sans bouger. Il réalise qu'il n'a pas la moindre idée de comment le consoler. Et il ne sait même plus s'il en a envie. Il est pris d'un mal de tête, mais il ne veut pas renoncer. Peut-être que s'il s'y donne de toutes ses forces, il réussira à convaincre KiBum. Il y croit encore. Plus que jamais. Si les mots n'ont cette fois pas suffit, il déploiera d'autres moyens, qu'il espère plus efficaces. Il est même prêt à envoyer valser ses idéaux, pour que cela marche. Tout foutre en l'air, chambouler sa vie. Changer. Pour quelqu'un aux yeux de qui cela n'a pas la moindre espèce d'importance, mais il ne le sait pas encore.

- Les rêves finissent toujours par se réaliser.

C'était sa mère qui lui avait dit, un jour, quand il avait cinq ans. Il aurait du se douter que souvent, nos parents nous mentent. Surtout quand on a cinq ans. Mais même s'il n'y avait pas cru, ça n'aurait certainement rien changé.
Il finit par se rapprocher, doucement. Il mesure chacun de ses pas. Il a hâte, mais peur d'atteindre le visage de KiBum, de faire se rencontrer leurs souffles. Mais le temps n'est pas infini. Il le comprend quand il sent la chaleur des larmes de son vis-à-vis brûler son propre visage.
Il ne réfléchit même plus. Il veut que cette souffrance s'arrête pour tous les deux. Il ne veut plus avoir à retenir KiBum, ni à affronter son ignorance. Plus jamais.
Comme si ses mouvements étaient soudainement ralentis et qu'il pouvait se voir faire lui-même. Il saisi le menton du brun entre ses doigts, délicatement. N'espace leurs lèvres que de quelques millimètres. Ca ne fait pas si peur finalement. Et les scellent. Enfin. Il glisse la main dans les cheveux de celui qui se laisse faire, peut-être juste par surprise. Les secondes les plus intenses de sa vie.
Les perles salées qui coulent sur les joues de KiBum deviennent siennes. Mais ce dernier met fin à cet instant magique lorsqu'il recule son visage, encore essoufflé de cet échange imprévu.

- KiSeop, tu ne sais pas pourquoi je fais tout ça. Pourquoi j'ai pas le choix. Pourquoi je m'efforce de t'ignorer. J'en peux plus. Je ne veux plus te faire souffrir, parce que moi aussi ça me déchire un peu plus à chaque fois. Pardonnes-moi.

Oui, KiSeop aurait du le savoir.

Les rêves restent à jamais des rêves.